Abla prend du grade. Après porte-manteaux dans les looks, après femme-sandwich pendant le festival de Cannes, me voilà promue membre du Jury pour un casting en tant que blogueuse mode. Un casting pour un défilé de mode, ça va de soi (au cas où, il y aurait des girls plus blondes que moi #loveyougirls). Mais pas n’importe quel défilé de mode. Non, celui-ci est unique et il s’appelle Handifashion.
Handifashion, c’est le projet, de Corine Tonarelli, journaliste et consultante dans des écoles de mode. Le leitmotiv de ce défilé militant ? Réunir sur podium des mannequins valides et handicapés pour défendre la mode pour tous.
Après Aubagne, il y a 3 ans, Handifashion a conquis Paris 2 années consécutives, et cette année, c’est au tour de Mougins d’adopter cet événement visant à faire évoluer les mentalités et particulièrement dans le cercle très fermé de la mode.
Alors, quand Camille Barbaro et Sonia Martin, conseillères municipales et initiatrices de la venue d’Handifashion à Mougins, m’ont dit : « Abla, partante pour être jury dans un casting ? », forcément, je me suis sentie pousser des ailes de Cristina Cordula et j’ai accepté de rester assise pendant 8h d’affilée sans macarons ni boissons à bulles pour juger en toute neutralité une quarantaine de candidats venus de la Côte d’Azur et du Var pour la plupart.
En toute neutralité ? ça c’était ma volonté. Car, oui, défendre la mode pour tous commence déjà par ne pas faire de différence entre mannequins valides et handicapés et dès les premières minutes du casting, je me rends compte, combien la tâche se révèle ardue tant l’émotion me submerge…
10h02 Premier arrivé, premier servi
L’œil pétillant, sourire ravageur, le premier candidat se dirige vers nous qui sommes attablés au fond de la salle de l’Ecoparc. De prime abord, je ne remarque pas son handicap. Eddie, a un pied bot et tient debout grâce à une chaussure discrète, noire, dont la semelle s’érige jusqu’à mi mollet.
Nous nous présentons, brièvement, et puis timidement, Eddie, nous parle de son parcours et là, patatras, Abla se rend compte qu’il ne va pas être question de jouer à « ici, la voix » mais que la journée semble placée sous le signe de l’expérience de vie et des émotions qui s’enchaînent.
11h00 Quand le canal lacrymal fonctionne à plein régime
Les candidats défilent sans discontinuer. Tour à tour, valides et handicapés se présentent. Puis, le trac au bout des jambes, ils s’exécutent lorsque nous les invitons à effectuer quelques pas en musique comme si ils se retrouvaient propulsés devant un public le soir du défilé.
Maladroits, qu’ils soient valides ou non, cet élan de courage force le respect et déjà, je suis tentée de tous les sélectionner pour défiler le 10 octobre à l’EcoParc.
« allez, viens on fait un woodstock de la mode, un coachella du défilé, tous ensemble sur le podium ,yeahhh !’
Seulement voilà, seuls 20 d’entre eux auront cette chance et à mi-parcours, ils sont déjà plus d’une cinquantaine à avoir passé le casting la semaine d’avant. Le choix semble difficile.
14h00 Portraits de stars… Handifashion
Quoi de plus futile qu’un défilé de mode ? Pourtant, de ce casting d’Handifashion, certaines rencontres, presque chronométrées, resteront gravées dans ma mémoire. Comme celle, avec Brigitte, venue du Var avec sa maman et dont son handicap empêche sa mobilité. C’est tout sourire, avec une aisance déconcertante, qu’elle nous livre son envie, son rêve, que ce défilé puisse la transporter, l’espace d’un instant, dans un monde qui n’est pas le sien : celui des valides.
Mais aussi Ilona, sublime, pétillante et pleine de vie dont les bras atrophiés n’enlèvent rien à sa démarche assurée. Et puis aussi, Ursula, la comédienne qui a fait de son handicap une pièce de théâtre : la princesse sans bras. Ou encore, James, qui a la fureur de vivre comme celui à qui il emprunte le prénom et les traits : James Dean.
Une galerie de portraits atypiques et dont les parcours de vie attisent l’attention et l’émotion.
16h00 Belles dehors…et dedans
Le but du défilé Handifashion n’est pas de faire un focus sur le handicap mais bel et bien de faire défiler des mannequins à l’unisson. Et parmi les candidats, les starlettes Azuréennes ont répondu présentes pour ce casting atypique. Certaines, comme Nelly, concourront pour l’élection de Miss Côte d’Azur cet été et pourtant voient en cet événement, l’opportunité d’apporter un peu de solidarité dans leur passion qui exige tant de compétition…
Toutes, de Claire à Margaux, tentent de mettre leur beauté en sourdine pour ne faire écouter que leur cœur…
Belle leçon de style !
18h00 Le bilan
Plus d’une centaine de candidats se sont présentés aux castings des 20 et 27 juin à l’Ecoparc de Mougins. Pour ma part, je suis vidée. Epuisée par une journée entière à m’enrichir de cette expérience de vie. Je n’en mène pas large quand il s’agit de faire un choix définitif. Offrir à certains le plus beau jour de leur vie ou récompenser l’acte militant d’autres ? Pourtant, il est l’heure de prendre une décision….
Qui d’Eddie, Claire, Margaux, Ilona, Ursula, James, Brigitte ou des autres candidats défileront pour ce premier Handifashion à Mougins ?
Vous le saurez, en vous rendant à l’Ecoparc le 10 octobre prochain pour un défilé de mode comme vous n’en avez jamais vu.
Des bisouilles
AblaCarolyn
Je profite de ton nouveau site pour découvrir cet article. Très touchant et intéressant !
oh merci Maeva ! Très belle journée à toi <3