Ayééé ! J’ai enfin posé mes talons de 12 chez Mauro Colagreco du Mirazur à Menton. C’était l’un de chefs que je voulais absolument découvrir, et je profite de cet article pour vous annoncer que dans ma rubrique food, il va y avoir du changement, puisque mes découvertes gastronomiques sont désormais rapatriées ici. Pourquoi ? Tout simplement, parce que je reçois beaucoup de messages sur les réseaux sociaux en me demandant des conseils, des idées, des nouveautés sur la Côte d’Azur.
Du coup, j’espère que cette nouvelle rubrique vous aidera dans vos choix lorsque vous sillonnerez les routes gourmandes Azuréennes. Ces détails d’intendance réglés, je vous emmène aujourd’hui, à la découverte d’un chef dont tout le monde parle, Mauro Colagreco du restaurant Mirazur. J’avais manqué ses fameux dîners 4 mains lors des 10 ans par faute de temps, mais un peu avant les Etoiles de Mougins, je me suis mise en ventre pour enfin tester sa cuisine que le monde entier scrute depuis quelques années.
Mauro Colagreco, le chef du meilleur restaurant de France
Elu 4ème meilleur restaurant au monde selon les « The World’s 50 best restaurants 2017 », le Mirazur décroche, grâce à cette place, celle du meilleur restaurant de France. A la tête de ce classement on retrouve un américain, un espagnol et un italien. Mais pour ce qui est des restaurants français, seuls 3 autres se hissent dans ce classement, souvent controversé mais que perso j’adore, puisque je l’ai découvert grâce à mon Netflix chéri en regardant Chef’s Table (que je vous conseille si vous êtes un passionné, meilleure émission culinaire à mon sens).
Mais loin d’être sa seule distinction, Mauro Colagreco, 2 étoiles au guide Michelin depuis 2012 a reçu aussi, en 2016, le titre de Chevalier de l’Ordre National du Mérite (comme mon papa d’ailleurs, tout le monde s’en fout mais c’est pas grave). Une année à marquer d’une pierre blanche puisqu’il a également participé à Top Chef Italia comme jury et accompagné François Hollande lors d’un voyage officiel en Argentine, pays dont il est originaire.
Toutes ces récompenses médiatiques pourraient laisser penser que si l’on n’y comprend un beignet à la cuisine ça risque d’être compliqué mais non, ici au Mirazur, la fleur de courgette se déguste sans chichi mais le cadre en plus…
(photo @nicematin.fr)
Le Mirazur, un mirador sur la baie du Garavan à Menton
Tel un mirador de murs blancs et de baies vitrées vêtu, le Mirazur se découvre, installé discrètement à flanc de colline à quelques pas de la frontière italienne. Une humble entrée, surmontée d’une enseigne bleu azur presque délavée, à peine visible depuis la route. A l’extérieur, la terrasse ombragée de canisses, semble s’évanouir dans la végétation…. En réalité, elle fait le tour de l’immense rotonde hexagonale qui plonge les convives en pleine nature, face à la baie du Garavan mais aussi en contrebas, au jardin luxuriant complanté de bananiers, de palmiers et autres plantes méditerranéennes.
Car si la salle au style épuré et contemporain rappelle la décoration scandinave avec son mobilier en bois et son magnifique îlot central où trônent les merveilleuses huiles d’olive (celles de l’huilerie Saint-Michel, que j’adore) le point d’orgue du mirazur est bel et bien le jardin, véritable source d’inspiration du chef Mauro Colagreco…
Mauro Colagreco, une nature passionnante
Mauro Colagreco aime raconter des histoires. Un peu cliché pour un travelporn, pourtant c’est bel et bien ce que l’on ressent de tous nos sens lorsque l’on découvre les plats du maestro ! Cet italo-argentin ne se confine pas à la particularité de son adresse, entre l’Italie et la France, ni même à ses origines Argentines. Il puise son inspiration dans ses nombreux voyages, certes, mais c’est au cœur de son jardin, qu’il y trouve la matière. Des produits, fruits d’une nature fertile dans ce lieu d’exception, comme ses tomates —pas moins de 40 espèces—ses radis, ses carottes, ses herbes aromatiques ou ses agrumes…. Autant de saveurs maraîchères qui donnent vie à sa créativité sans limite, limpide, précise et sans fioritures.
Mauro Colagreco du Mirazur, la superbe simplicité
Il est parfois difficile de passer du rêve à la réalité. Dans ma tête, j’avais mille fois imaginé ce premier déjeuner. J’en attendais beaucoup. Et c’est souvent là, qu’on peut parfois être déçu. Mais, bien heureusement pour mes papilles, l’expérience fût à la hauteur de mes attentes. Voire au-delà.
A bord de baie vitrée, la table de bois brut accueille en son centre comme une petite forêt, de pins, de pierres et de verdure qui annonce le tempo. L’odyssée des plats peut commencer. Là, une multitude de bouchées arrivent en cadence. Des ersatz d’anchois sur un galet, des minuscules cornes d’abondance remplis d’herbes, sur des écorces de bois, puis d’autres saveurs encore tout à fait surprenantes mais à la même musicalité.
Un prélude annonciateur de la mélodie cristalline qui nous attend. Puis comme pour reprendre son souffle, le pain arrive, en fleur, dodu, dans une corbeille de bois épais, accompagné d’un poème de Pablo Neruda. Puis, c’est une symphonie de plats colorés, dressés à l’unisson, nets, qui distille des notes de saveurs de saison, dans leur plus simple appareil, corsées par quelques goûts déroutants comme la sauce hollandaise à la réglisse ou la purée d’ail noir.
A la sortie de ce concert haut en couleurs, on a envie d’applaudir ou même d’avoir un rappel ! Mais le chef, Mauro Colagreco, s’il est un voyageur esthète prêt à s’envoler loin de son restaurant dès qu’il s’agit de partir à la découverte des cuisines du monde, est plutôt discret dès lors qu’il dirige son navire amiral au Mirazur. C’est dans sa cuisine qu’il faut descendre pour le déloger quelques minutes mais ça en vaut la peine. A l’image de la partition qu’il joue à l’étage, sa simplicité, son accueil chaleureux et son engouement, juste en croquant dans un simple carré de chocolat cru, sont à la portée de ce que j’avais imaginé : un chef d’orchestre du goût.
Mirazur –30, avenue Aristide Briand – 06500 Menton
AblaCarolyn