Journal intime d’une confinée qui a un gros masque sur la patate

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Nous sommes en 2020 et l’improbable se déroule sous nos yeux, ou plutôt sous nos fenêtres car on ne peut pas sortir on est en confinement. Le coronavirus qui faisait rire presque tout le monde il y a quelques mois a fini par tuer tout le monde ou presque. Dans ce chaos sanitaire mondial, les cartes sont rebattues : les pays riches deviennent pauvres. Ceux qui produisaient à la chaîne à l’autre bout de la planète doivent sûrement se dire que oui, enfin, il y a une justice. Mais nous, là dans notre pays riche devenu pauvre, on n’est pas du tout habitué à survivre ! Eh bien voilà, on y est. Retour vers le futur ou voyage dans le passé ? Oui, en France, dans le doux pays de mon enfance, l’heure est au système D ou comment l’histoire que je vais vous raconter n’est pas une fiction mais bien un témoignage de la réalité….

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Le jour où le masque en tissu est devenu un must have

Confinement jour 24… ou 25… Je sais plus. Comme le gel hydroalcoolique, le PQ les pâtes et la farine, manquent. Oui en 3 semaines à peine, on est passé d’un pays de surconsommation à pays en voie de développement. Depuis quelques jours, ce sont les œufs aussi qui manquent….

Est-ce que le coronavirus ça atteint le cul des poules pour qu’elles ne puissent plus pondre ???

Au supermarché, c’est le rationnement : « une boîte de 12 par personne ». En tout cas, les poules, je sais pas si elles pondent autant qu’avant le confinement, mais clairement leurs œufs doivent être en or : 8 € la douzaine !!! (ok j’abuse mais pas loin). Je vais pas en faire une omelette mais ça fait mal aux fesses, non ?

Mais la denrée la plus rare dont tout le monde parle en moment, ce sont les masques. Il y a 15 jours on nous disait que c’était inutile sauf pour le personnel soignant, maintenant certaines villes, dont Nice, ont même imaginé le rendre obligatoire pour toute la population. Sauf que les masques : il y en a pas.

Alors, les autorités ont dit :

« prenez n’importe quoi d’alternatif, mais couvrez-vous le visage bordel ! ».

Et c’est comme ça, qu’est née la mode du masque en tissu.

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Mais comme pour le reste, on n’était pas prêt. Alors, les tutos ont commencé à envahir saint-google et bing, et nous, les couturières d’expertes à « j’ai piqué la machine de mémé », on s’est toutes appliquées pour en produire le plus possible avec notamment celui du CHU de Grenoble.

Triple crotte !

3 jours après, la machine à coudre qui avait tourné à plein régime, presque comme les agriculteurs : toute notre production était bonne à jeter. L’ Afnor venait d’homologuer un autre modèle de masque.

Alors des marques de luxe à Mamie Thérèse en passant par les couturières du dimanche ou les retoucheuses pro, on a toutes voulu mettre la main à l’aiguille pour fabriquer en masse les fameux masques qui permettraient qu’un jour, oui un jour, on pourrait enfin se dorer la pilule au soleil autre part que sur le balcon !

Et c’est à ce moment là que ça a commencé à merder. Encore…

Car oui, même si la plupart d’entre nous avons voulu jouer la solidarité en offrant les masques à tour de cou, les fournitures ne sont pas inépuisables…. Pourquoi ?

Retour au 16 mars 2020 :  Message des autorités

Vous êtes confinés. Seuls les magasins considérés comme essentiels pourront rester ouverts à savoir

Les supermarchés, les tabacs, la presse, l’essence,etc….

Retour au 4 avril : la réalité

Mon garagiste m’envoie un message pour dire qu’il bosse, le bâtiment va ou presque (donc tout va bien ?), bref, des dérogations pour bosser ça manque pas plus que ça sauf entre autre pour les magasins de couture ! Mais puisque les masques en tissu c’est autorisé et même conseillé, comment qu’on fait, hein ? Je plante un champ de coton dans le jardin du voisin et je fabrique mon fil ???

C’est à ce moment là qu’il a fallu faire travailler nos cerveaux de blonde. Du coup, entre couturières on s’est filé des astuces.

– Ton élastique tu le remplace par quoi toi ? Bah, j’ai trouvé des lacets, de toute façon on est en chausson toute la journée !

– Et toi, t’as pris quoi comme tissu ? La nappe reçue en cadeau de mariage, j’ai réussi à la garder au divorce !

– Tu mets un filtre toi ? Ouais, j’ai récupéré la polaire des gosses, de toute façon ils iront pas au ski cette année, on est à la dèche.

On a beau être des mac Gyver de la Singer, on se demande bien comment on va réussir à produire…

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Mais qu’importe, on y croit encore à ce masque rédempteur ! Tellement que, en quelques posts sur FB, les commandes pleuvent. « Tu m’en mets un de côté ? Je peux en récupérer combien ? »

Alors après le télétravail, pour changer de la télé, on allume la machine et on coud. Chez moi, on fait du troc. Certains me filent du champagne, d’autres du tissu. C’est hyper régressif ce mode d’échange ! Bon ok, un peu trop régressif, j’ai l’impression d’être ma grand-mère en pleine guerre et pas du tout en enfance !

Ah oui l’enfance parlons- en ! Mon fils est grand maintenant mais l’autre jour, une simple petite phrase m’a fait bondir du canapé.

« Maman, on le met comment le masque ? »

Bah oui, on le met comment ? « Comme ton slip tu le changes tous les matins ! »

Pas si simple…

Confinement jour 24 ou 25 je sais plus et je sais toujours pas combien de temps ça va durer et si un jour les masques, les vrais, enfin ceux qu’on devrait porter, vont arriver.

Alors en confinement, je travaille et puis je couds, encore et encore, tant que j’aurais du tissu, des élastiques, du fil et des aiguilles…. Et aussi foi en l’humanité, car oui dans ces instants où l’on ne sait plus très bien distinguer la fiction de la réalité, une chose est sûre, elle mérite d’être sauvée.

 

 

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