Pourquoi j’ai arrêté Instagram subitement ?

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C’était le 6 août. Ma dernière publication instagram. Je vous ai dit à demain et puis plus rien. Plus de son plus d’image. C’est arrivé sans crier gare, ou du moins, j’ai voulu le croire mais voilà, un lendemain, un matin, je n’y arrivais plus. Il m’a fallu du temps, pour vous écrire, pour vous dire que j’allais bien, ou du moins, mieux. Car oui, en réalité, on n’arrête pas les réseaux sociaux comme ça sur un coup de tête, mais parce qu’ils prennent la tête, petit à petit. Parce qu’ils rongent notre quotidien, ils grignotent notre intimité, jusqu’à nous dévorer tout entier.

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Pour moi, ce n’est pas la première fois, que cette digital detox s’impose à moi… Mais cette fois-ci, comme on tente d’arrêter de fumer et on rechute, j’ai cette sensation que je ne peux plus. Vraiment plus. Je ne peux plus partager avec vous mes instants précieux à travers une photo dans un feed ou une vidéo moche en story ou en direct. Je réclame le droit de vivre sans la partager avec la communauté. Je réclame le droit de préférer les mots aux images. Je réclame le droit d’exister sans la suprématie des réseaux sociaux. Je réclame le droit d’être blogueuse sans être influenceuse. Et c’est justement LA question existentielle de nombreuses d’entre nous, comment exister dans la digital life sans être omniprésente sur les réseaux et partager à minima ?

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Avant de vous écrire, il m’a fallu admettre, que cette course effrénée aux likes et à l’engagement était devenue une drogue quotidienne. Comme on boit son café le matin, on ouvre son compte IG, on calcule l’heure idéale pour publier, on surveille les commentaires, on râle parce que l’algorythme n’est plus en notre faveur. On pense à la publication du lendemain. Et puis, on surveille le compte des autres. Pourquoi ils grimpent et pas le nôtre ? Et durant tout ce temps, que l’on ne récupérera jamais, on oublie. On oublie de vivre, on oublie de s’émerveiller avec nos yeux, on oublie de ressentir et on vit à travers cet objet moche qu’est le smartphone.

A force de faire défiler la vie des autres, on oublie la nôtre.

Alors on règle son post sur celui du voisin et on transforme sa vie pour qu’elle arrive à rentrer dans un format carré. On se torture chaque matin, à prendre la parole même si l’on n’a rien à dire. On fouille frénétiquement dans la galerie de son smartphone pour trouver LA photo qui permettra de prouver qu’on a une vie trépidante même si notre quotidien c’est métro boulot dodo. On se réinvente jusqu’à croire que notre vie est plus réelle en digital. Vite, il faut vivre des choses pour les partager avant même qu’elles arrivent c’est encore mieux ! On se formate pour sortir du lot… paradoxal, non ?

Lassée, exsangue, je me suis réveillée un matin, ce fameux lendemain et j’ai dit stop. Ce matin-là, j’ai déconnecté mes réseaux pour mieux me reconnecter à la vie, à ma famille, aux gens que j’aime et surtout pour colmater mes angoisses qui ne faisaient que s’accentuer avec ce flot d’images, ce flot d’informations inutiles et chronophages.

Des angoisses qui ont grignoté ma vie jusqu’à la bouffer toute entière. Un coup dur par ci, un coup dur par là, des réminiscences d’enfance et puis ces satanés réseaux sociaux qui distordent la réalité et qui amplifient le mal-être. Alors, instinctivement, mon cerveau a eu besoin de ce court-circuit. Tout mon être a eu besoin de se rebooter.

« Publier beaucoup, c’est trahir une fragilité narcissique ». J’ai lu ça sur le nouvel Obs. Mais moi,  c’est le fait de publier beaucoup qui a fragilisé mon équilibre, ma vie et mon rapport aux autres.

Publier beaucoup, on croit toujours que c’est prouver une forme d’intensité dans sa vie. Alors pour ça, on n’hésite pas à publier des photos qui sont censées rendre merveilleux l’instant même si elles ne sont pas instantanées. Et c’est à ce moment précis, que l’on se rend compte que nos amis virtuels ne sont plus aussi merveilleux. Ils prennent pour photo comptant chaque post partagé. « T’en as pas marre d’être tout le temps en vacances ? », «  ça bosse dur je vois ! »… Tu es ce que tu publies…. Une simple photo sur un réseau social est plus vraie que la réalité. Eh bien moi, j’en ai marre de me justifier, marre de devoir rappeler que ce que je partage avec vous n’est qu’une illusion. Je ne veux plus être figée dans un feed ou un fil d’actualité mais me réaliser dans la vie, la vraie.

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J’ai testé : arrêter instagram pendant plus  d’un mois

Oui j’ai arrêté instagram, c’était un matin et ça fait du bien. Au début, je me suis sentie un peu groggy mais plus légère. Un peu comme lorsque l’on arrête de fumer. Emportée par le tourbillon d’une vie familiale intense pendant les vacances, finalement, j’ai fini par ne plus trop y penser. Puis, au fur et à mesure, à chaque fois que je me disais que j’allais reprendre, ne serait-ce que pour prendre des nouvelles des comptes que j’aime suivre, une petite voix me l’interdisait. Le plus dur c’était les moments d’accalmie.

Ces petits instants dans la journée où l’on prend machinalement son smartphone, histoire de passer le temps. Le temps. Il m’en a fallu pour comprendre qu’en arrêtant instagram, finalement, ce que je recherchais, c’était lui.

Ce temps perdu à scroller la vie des autres m’empêchait de prendre le mien. Alors, au fur et à mesure du temps retrouvé, j’ai commencé à rattraper le temps perdu. J’ai passé du temps à lire. Beaucoup. Je ne l’avais plus fait depuis tant de temps. Quelques minutes par ci, quelques minutes par là. Je me suis de nouveau nourri des choses que j’aimais. J’ai même tenté de m’ennuyer. C’est bon l’ennui. Mais sans réseaux sociaux, je me sentais aussi un peu seule.

Alors j’ai vraiment repris mon smartphone pour sa fonction première, j’ai appelé ! beaucoup. Pour prendre des nouvelles, pour se donner rendez-vous, pour prendre un café. Ça fait du bien de voir sa famille et ses amies en vrai. Le temps de la rentrée est arrivé et je me suis dit qu’avec lui, ce serait celui du retour sur les réseaux sociaux. Et je n’y suis toujours pas arriver. Moi qui étais toujours en retard sur tout, je me suis presque retrouvée à ne plus savoir quoi faire tant ma journée n’était plus érodée par ces minutes passées sur les réseaux sociaux.

Alors, de nouveau, j’ai eu envie de reprendre la plume. De partager à nouveau avec vous. Mais autrement. Ou moins souvent. Je ne sais pas encore, je vis une nouvelle vie. Je me réinvente. Avec un retour sur les réseaux sociaux ? Peut-être. Mais différemment. Enfin je l’espère. Car oui, avec l’arrêt d’instagram et autres réseaux sociaux, je viens de découvrir que dans une journée on peut tellement faire de choses !

Un peu plus fragile qu’avant mais aussi plus reboostée, j’ai toujours envie de partager avec vous, ailleurs que sur instagram quotidiennement. Dans un lieu où je m’y sens bien. Un peu comme si je vous recevais à la maison. Pas dans un endroit impersonnel où chacun tente désespérément de crier pour se faire entendre sans jamais y arriver vraiment. Partager quoi alors si je ne veux plus partager ma vie ? C’est peut-être ce qu’il me reste à définir. Mais quoiqu’il en soit, ne m’en voulez pas si je m’abstiens de suivre la dictature de l’algorythme, ne m’en voulez pas de ne plus liker et commenter chacun de vos faits et gestes, ne m’en voulez pas de me concentrer sur l’essentiel. Sur MON essentiel, ma famille, les gens que j’aime, mes passions et bien évidemment, la lecture et l’écriture.

Peut-on rester connectés sans passer par Instagram au quotidien ? Personnellement, je continuerai à publier sur ma page Facebook pour que vous puissiez continuer à lire mes articles et sur ma newsletter mais pour instagram, ce sera à mon nouveau rythme. Vous l’aurez compris, ce blog sera ma voie et je l’espère ma voix pour partager avec vous tout un tas de sujets comme j’aimais le faire autrefois.

Et vous ? Vous imposez vous une désintoxication numérique ? Avez-vous déjà pensé à arrêter instagram ? Pour quelles raisons ?

7 Commentaires

  1. Je ne t’ai jamais suivie sur ‘Insta’, mais je te félicite de cette décision.
    Tu pourras profiter de la réalité pleinement et apprécier le temps ‘lent’.
    Bises

  2. En effet, on se demandait où tu étais passée mais tu as très bien fait si c’est ce qu’il te fallait. Les réseaux sociaux nous prennent un temps fou et c’est autant de temps de perdu! Se déconnecter des réseaux fait beaucoup de bien et cela permet de réfléchir sur notre utilisation. Est-ce vraiment nécessaire ?
    Aujourd’hui sur Instagram notamment, c’est quasiment impossible de pouvoir poster en instantané… Personne n’a une vie aussi trépidante. Et pourtant les gens continuent de nous dire à nous aussi qu’on est toujours en vacances. Si ils savaient ? En tout cas, on est très contentes de te retrouver sur le blog, insta et compagnie. Fais ce dont tu as envie, ce qui reste quand même le plus important dans la vie 😉
    Bisous,
    Amélie & Laura

  3. Coucou Carolyn,
    Je te félicite pour cet article qui fait tellement du bien à lire ! j’avais remarqué que tu ne postais plus et je salue ton acte ! Et tous tes mots ! Et écrire c’est encore une fois hurler en silence et dire les choses. Instagram est génial mais peu tellement devenir comme tu le décris, chronophage anxiogène et tellement faux. j’avais écris y’a quelques semaines un article autre sur la course aux followers qui devenait ridicule mais de l’écrire m’a fait un bien fou et depuis je ne postes que quand j’en ai envie… et s’il n’y a rien une semaine voire plus on s’en tape ! La vie c’est en effet un petit café avec une amie, les bras de son enfant, le petit cadeau qu’on s’offre, les moments qu’on apprécient… Retrouver les sensations premières, celles d’écrire et de bloguer comme au début pour partager des bons plans des coups de coeurs…
    Bravo bravo ! Continues d’écrire !
    Bisous

    • Ma chère Anne, je suis tellement heureuse de te lire et aussi tellement heureuse de savoir que chacune, derrière notre écran ou smartphone nous vivons cette même folie qui nous dépasse. Je file lire ton article, parce qu’au final, c’est ce que j’aime le plus : liiiire ! Je t’embrasse tout plein et merci encore pour ce commentaire qui me touche énormément. <3

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